Pourquoi tant de gens commencent à courir à 30 ans ?
- Romain
- 28 avr.
- 4 min de lecture

Je vois souvent passer des vidéos sur Instagram qui se moquent des nouveaux runners.
Ceux qui, du jour au lendemain, se mettent à courir à 30 ans alors qu’ils n’ont jamais vraiment fait de sport avant.C’est devenu un petit running gag : "Il a eu 30 ans, il a acheté une montre, il s’est mis à faire des fractionnés."
Mais au fond, ce n’est pas si absurde.
Et si tant de gens commencent à courir à cet âge-là, ce n’est peut-être pas pour suivre une mode. C’est peut-être parce qu’il y a, à 30 ans, quelque chose qui appelle à bouger.
Le déclic de la trentaine
Entre 20 et 30 ans, on vit vite. On sort, on bosse beaucoup, on enchaîne les expériences. On pense à tout sauf à son corps. Il suit, il encaisse. On peut veiller tard, manger n’importe quoi, ne pas dormir, et recommencer le lendemain.
Mais un jour, ça commence à coincer. Ce jour-là arrive souvent autour de la trentaine. On se sent un peu plus lourd. On récupère moins vite. On commence à dire non à certaines soirées. Et à se dire : "Faut que je me reprenne." C’est souvent ça, le déclic. Pas un grand discours intérieur. Juste une sensation : j’ai envie de me sentir mieux.
Et dans ce moment-là, la course a quelque chose d’évident. Pas besoin de s’inscrire à un club, d’acheter un équipement de fou, ni de trouver un créneau dans la semaine. Il suffit d’une paire de baskets, d’un short, d’un quart d’heure de motivation.
Et ça, dans une vie de trentenaire un peu pleine, c’est précieux. La course devient un espace qu’on peut glisser n’importe où. Elle se cale entre deux rendez-vous, tôt le matin ou en fin de journée, quand tout le monde rentre chez soi. Elle ne demande pas grand-chose, mais elle donne beaucoup.
Courir, c’est aussi une manière d’exister
Il y a aussi le fait que courir, aujourd’hui, c’est devenu cool. On ne parle plus de jogging. Ce mot-là, il sentait un peu le survêt gris, les tours de parc à allure molle. Maintenant, on parle de run. On parle d’allure, de drop, de cadence. Les marques ont transformé le running en un univers à part entière, avec des codes, des looks, des communautés. Et ça plaît. Parce que ça donne envie de s’y reconnaître, d’en faire partie. On se choisit une paire de chaussures comme on choisirait une paire de sneakers. On s’habille pour aller courir comme pour sortir. Ce n’est pas juste une activité physique, c’est devenu une identité.
Mais ce qui me touche le plus, c’est ce que la course déclenche à l’intérieur. Moi, j’ai commencé à courir pile à 30 ans. Et c’était pas pour le style. C’était parce que je traversais un moment flou. Ce que certains appellent "la crise de la trentaine", je l’ai vraiment ressentie. Ce tournant où on commence à se demander si on est au bon endroit. Où on pense à ce qu’il faut construire. Un projet pro, un achat, peut-être une famille. Tout ça d’un coup. Et dans ce moment-là, courir m’a aidé. Pas tout de suite pour le corps. D’abord pour la tête.
Je sortais pour courir 20 minutes. Je revenais plus calme. J’y voyais plus clair. Je n’avais pas forcément de réponse à tout, mais j’étais moins agité. Moins pris dans le flot. Ça devenait un repère. Un point fixe. Et ça l’est encore aujourd’hui. Il y a des semaines où je cours peu, d’autres beaucoup. Mais à chaque fois, c’est un retour à moi.
Une pratique intime, qui rend fier
Et il y a un truc qu’on ne dit pas assez : courir, c’est aussi un bon moyen d’être seul. Pas une solitude triste. Une solitude choisie. Quand on approche la trentaine, on est rarement seul. On vit en couple, on bosse en open space, on est tout le temps sollicité. Même quand on est physiquement seul, il y a toujours le téléphone, les messages, les mails, les notifications. Mais quand on court, tout ça s’arrête. Plus personne. Juste soi. Ses jambes. Sa respiration. Le silence, ou peut-être une playlist. Et ça, aujourd’hui, c’est rare. Et précieux.

Et puis il faut le dire aussi : la course, c’est un sport qui rend fier. Ce n’est pas une question de performance ou de compétition, mais de progression. On commence avec 3 km. Puis un jour on enchaîne 5, puis 7, et sans s’en rendre compte, on regarde les premières courses en se disant : pourquoi pas ? On voit ses statistiques évoluer sur Strava, on sent ses jambes un peu plus toniques, son souffle un peu plus stable. Et surtout, on prend confiance. Il n’y a pas d’objectif imposé. Il n’y a que soi, et cette satisfaction discrète mais puissante de faire un peu mieux que la veille.
Alors oui, beaucoup commencent à courir à 30 ans.
Et oui, ça fait sourire.
Mais derrière ce geste simple, il y a souvent quelque chose de profond. Un besoin de prendre soin, de respirer, de se retrouver.
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