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Faut-il attendre d’être prêt pour s’inscrire à un marathon ?

Dernière mise à jour : 29 avr.


Il y a quelques jours, je suis tombé sur un post Instagram de Julie_gnr. Elle y exprimait une inquiétude qui revient souvent dans le monde de la course à pied :




Alors quand je vois des personnes qui débutent la course et se lancent comme premier objectif un marathon après quelques mois seulement… ça m’inquiète vraiment.


Le post est accessible juste ici.


Et je comprends. Je comprends cette inquiétude face à l’enthousiasme parfois naïf de ceux qui découvrent la course à pied et se fixent d’entrée un objectif immense, presque démesuré. Le marathon, dans l’imaginaire collectif, a quelque chose d’héroïque, de mythique. Il attire. Il fascine. Et parfois, il trompe.


Un pari absurde et pourtant…


Mais malgré cette lucidité, je ne suis pas totalement d’accord avec ce que ce genre de discours peut véhiculer. Parce que l’histoire que j’ai vécue, moi, va un peu à l’encontre de cette idée qu’il faudrait être “prêt” avant de s’inscrire.


En février 2024, je n’étais pas coureur. À peine quelques sorties, ici et là, pas vraiment régulières, pas vraiment sérieuses. Et pourtant, ce jour-là, j’ai pris un dossard pour le marathon de Valence.


C’était un pari, lancé un peu à la va-vite avec ma meilleure amie. Un défi lancé pour se secouer, se réveiller, se transformer un peu. On a pris nos places comme on achète un billet pour un concert qu’on ne sait pas encore si on pourra honorer. Et, par précaution, j’ai pris l’assurance annulation. Parce que franchement, courir 42,195 kilomètres ? À ce moment-là, c’était purement et simplement inimaginable.


Et pourtant, en décembre 2024, j’ai franchi la ligne d’arrivée.


Alors oui, ce n’est pas une bonne idée de s’inscrire sur un coup de tête… si tu ne respectes pas la distance. Si tu te dis que tu vas courir un marathon dans six mois sans savoir ce que ça représente, sans t’engager à fond, sans préparation, alors oui, c’est une erreur.


Le marathon n’est pas un caprice sportif, ni une ligne à cocher sur une to-do list de vie. Ce n’est pas une balade dominicale. C’est un chantier. Un effort long, exigeant, brutal parfois. Et si tu ne le respectes pas, il te le fera payer.


L’invisible chemin


Mais ce que j’ai compris au fil des mois, c’est qu’on peut tout à fait ne pas être “prêt” au moment où on s’inscrit, tant qu’on décide de s’engager sérieusement dans ce que cette distance demande.


Moi, je ne suis pas passé de zéro à quarante-deux kilomètres sur un coup de tête. J’ai suivi un plan. J’ai couru un 10 km. Puis un semi-marathon. J’ai commencé à lire, à écouter des podcasts, à modifier mes habitudes, à me lever plus tôt, à sortir courir même sous la pluie ou le soir, épuisé, après une journée trop longue. J’ai appris à gérer mon allure, à apprivoiser la fatigue, à reconnaître les signaux de mon corps. J’ai douté. J’ai failli abandonner. Mais j’ai tenu. Et j’ai terminé.


Ce n’était pas glorieux. Ce n’était pas spectaculaire. Je n’ai pas documenté ma préparation. Pas de stories. Pas de reels. Pas de “jour 1 sur 60”. Je n’ai pas montré le chemin. J’ai juste couru. Souvent seul. Parfois tard. Parfois tôt. C’était un processus intime, une lutte douce, une transformation silencieuse.


Personne ne l’a vraiment vue, personne ne saura exactement ce que ça m’a demandé. Mais si tu as déjà préparé un marathon, ou même un semi, tu sais. Tu sais ce que ça coûte. Et ce que ça rapporte.


Honorer son dossard


Je crois à une idée un peu bête, un peu romantique peut-être : honorer son dossard. Aujourd’hui, s’aligner sur un marathon populaire, c’est presque un privilège. Les places sont limitées. C’est cher. Parfois, il faut passer par un tirage au sort. Alors si tu en as un, tu ne peux pas juste “voir si t’es prêt”. Tu dois tout faire pour l’être. Parce qu’un dossard, ce n’est pas juste un numéro. C’est une promesse. Un engagement. Parfois fait à toi-même. Parfois à quelqu’un d’autre. Souvent aux deux.


Ce que je veux dire, au fond, c’est qu’on ne devrait jamais s’inscrire à un marathon pour les mauvaises raisons. Pas pour briller. Pas pour impressionner. Pas parce que c’est devenu tendance sur les réseaux. Ce genre de motivation ne tient pas longtemps, et la distance, elle, ne pardonne pas.


Mais parfois, il y a un appel. Quelque chose de presque silencieux, difficile à formuler, mais profondément intime. Une intuition, une pulsation un peu floue mais insistante. Comme si ce dossard représentait autre chose qu’une simple course : un tournant, une promesse, une manière de dire à voix basse qu’on est prêt à changer.


Et alors, ce n’est plus seulement une envie de courir. C’est un engagement. Quelque chose d’honorifique, même si personne ne le voit. Parce que dans certains cas, ce n’est pas la préparation qui fait naître le désir. C’est le fait de s’inscrire qui crée l’élan. C’est le saut dans le vide, un peu fou, qui oblige à construire des ailes en route. Et cette bascule-là, si tu la ressens, elle peut tout changer.


Alors non, tu n’as pas besoin d’être prêt pour t’inscrire à un marathon. Mais tu dois être prêt à le devenir. Tu dois t’engager. Te transformer. Et respecter le chemin.


Tu verras : on est souvent prêt bien avant de se sentir prêt.


Romain 

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